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ces princes que celui de sien-soui, qui signifie mille ans.

Sous le règne des empereurs chinois, le tribunal des cérémonies choisissait pour le mariage des princesses un certain nombre de jeunes gens âgés de quatorze ou quinze ans. On ne considérait dans ce choix que l’esprit et la bonne mine. C’était dans cette belle troupe que l’empereur prenait des maris pour ses filles et pour ses sœurs, auxquelles il donnait une dot très-considérable en terres et en joyaux. Ces maris portaient le nom de tou-ma, c’est-à-dire parens de l’empereur par leurs femmes. Ils ne pouvaient être mandarins ; mais ils devenaient si puissans, que leurs oppressions étaient redoutables pour le peuple. Jusqu’à ce qu’il leur vînt des enfans, ils étaient obligés, soir et matin, de se mettre à genoux devant leurs femmes, et de frapper trois fois la terre du front ; mais la qualité de père les exemptait de cette cérémonie. L’empereur tartare qui règne aujourd’hui marie ses sœurs et ses filles aux fils des grands seigneurs, sans exiger qu’ils soient du sang royal, ou à ceux des khans de la Tartarie orientale.

Tous les parens de l’empereur par les mâles, soit riches, soit pauvres, fussent-ils à la quinzième génération, reçoivent quelque pension pour leur subsistance, suivant leur degré de proximité. Ils ont tous le privilége de peindre en rouge leurs maisons et leurs meubles. Mais la race précédente ayant régné deux cent