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revenus considérables. Les dix-neuf autres filles sont mariées aux fils des premiers seigneurs, s’il s’en trouve un nombre égal ; celles qui restent sans maris retournent chez leurs parens, avec des dots qui leur suffisent pour les marier avantageusement.

Telle était l’ancienne coutume des monarques chinois ; mais à présent les empereurs tartares prennent pour femmes et pour reines les filles de quelques rois de la Tartarie orientale. Les reines sont au nombre de trois : elles jouissent de beaucoup plus d’honneurs que les autres femmes ; elles ont un logement particulier, une cour, deux dames d’honneur et d’autres domestiques de leur sexe ; on n’épargne rien pour leur amusement ni pour la magnificence de leurs meubles et de leur cortége. Tandis que Navarette était à Pékin, l’empereur envoya un présent en forme de dot à la fille d’un des quatre régens de l’empire, qu’il prit ensuite pour sa femme. Ce présent consistait en cent tables, couvertes de quantité de choses et de toutes sortes de mets, deux mille ducats en argent, mille ducats en or, cent pièces d’étoffes de soie de diverses couleurs, à fleurs d’or et d’argent, et cent pièces d’étoffes de coton.

Les enfans des trois reines sont tous légitimes, avec cette seule différence que les fils de la première sont préférés pour succéder à l’empire. La première reine fait sa résidence dans le palais impérial avec l’empereur, et