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et une pièce de satin ou de damas jaune, qu’elles suspendent devant leur porte, et qui les fait respecter plus que toutes leurs compagnes. Ces dames ont aussi leurs titres et leurs dignités : elles sont divisées en plusieurs classes, et distinguées, comme les mandarins, par leurs habits et leur parure, et par d’autres marques de leur rang ; mais leurs enfans sont regardés comme des enfans naturels.

Lorsque l’empereur ou l’héritier de la couronne pense à se marier, le tribunal des cérémonies nomme des matrones d’une réputation bien établie pour choisir vingt filles les plus belles et les plus accomplies qu’elles puissent trouver, sans aucun égard pour leur naissance et pour leur famille : on les transporte au palais dans des chaises à porteur bien fermées. Pendant quelques jours, elles y sont examinées par la reine-mère, ou, si cette princesse ne vit plus, par la première dame de la cour, qui leur fait faire divers exercices pour s’assurer qu’elles n’ont pas de mauvaise odeur ni d’autres défauts corporels. Après quantité d’épreuves, elle en choisit une, qu’elle fait conduire à l’empereur ou au prince avec beaucoup de cérémonies. Cette fête est accompagnée de toutes sortes de réjouissances et de faveurs, surtout d’un pardon général pour tous les criminels de l’empire, à l’exception des rebelles et des voleurs ; ensuite la jeune personne est couronnée avec une pompe fort éclatante : on lui donne quantité de titres, on lui assigne des