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tire de toutes les terres, sans excepter les montagnes ; du sel, des soies, des toiles de coton et de chanvre, et diverses autres marchandises ; des forêts, des jardins, des douanes, des ports, des confiscations, etc. Les tributs autorisés par les lois sont si considérables, que, si les Chinois avaient moins d’industrie, et leurs terres moins de fertilité, ce grand empire ne serait, comme les autres états des Indes, qu’une société de misérables.

Comme toutes les terres sont mesurées, et que le nombre des familles est aussi connu que le tribut qu’elles doivent à l’empereur, il est facile de calculer ce que chaque ville paie annuellement. Les officiers qui lèvent les contributions ne saisissent jamais les biens de ceux qui marquent de la lenteur à payer, ou qui cherchent à s’en dispenser par des délais continuels : ce serait ruiner les familles. Depuis le milieu du printemps, où l’on commence à labourer la terre, jusqu’au temps de la récolte, les mandarins n’ont pas la liberté d’inquiéter les paysans ; mais le moyen qu’ils prennent ensuite pour les obliger de payer, est la bastonnade ou l’emprisonnement, s’ils n’aiment mieux les charger par billets de l’entretien des vieillards, qui sont nourris dans chaque ville aux dépens de l’empereur, et qui passent ainsi à la charge des débiteurs, jusqu’à l’entière consommation des arrérages.

Ces officiers sont comptables de ce qu’ils reçoivent au pou-tching-ssée, c’est-à-dire au