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montagne est tombée ; au lieu de dire les portes du palais, ils disent hin-muen, les portes d’or ; et de même à l’égard de tout le reste.

Un sujet, de quelque rang ou de quelque qualité qu’on le suppose, n’ose passer à cheval ou en chaise devant les portes du palais impérial ; il doit mettre pied à terre lorsqu’il en approche, et ne remonter qu’à la distance prescrite. Chaque cour du palais a son sentier pavé de larges pierres, qui ne sert de chemin qu’à l’empereur, lorsqu’il y passe ; et ceux qui ont à traverser les cours, doivent marcher fort vite au long de ce sentier : cette vitesse dans la marche est aussi une marque de respect qui s’observe en passant près des personnes de qualité. Les Chinois, ont une manière de courir qui leur est propre, et qui passe pour une politesse aussi gracieuse que nos révérences en Europe. Les missionnaires se virent obligés d’apprendre cette cérémonie avant de saluer l’empereur Khang-hi dans son kong, c’est-à-dire dans la grande salle de son appartement. Aussitôt qu’on a passé la porte de la salle, on doit courir avec une légèreté gracieuse jusqu’au fond de la chambre qui fait face à l’empereur. Là, on doit demeurer un moment debout, les deux bras étendus vers la terre. Ensuite, après avoir fléchi les genoux, on doit se baisser jusqu’à terre, se relever et répéter trois fois la même cérémonie, en attendant l’ordre qu’on reçoit de s’avancer et de se mettra à genoux aux pieds de l’empereur.