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générale : les mandarins de tous les ordres s’assemblent dans une vaste cour du palais, et, sans faire attention à la rigueur de l’air, ils passent à genoux les jours et les nuits, occupés à faire éclater leur douleur, et à demander au ciel le rétablissement de sa santé. Tout l’empire souffre dans sa personne, et sa perte est le seul malheur que ses sujets croient avoir à redouter : les grands se croient obligés de donner ces témoignages publics de vénération pour leur souverain dans la vue d’entretenir la subordination, et d’inspirer au peuple, par leur exemple, l’obéissance qu’il doit à l’autorité. C’est en conséquence de cette maxime qu’ils donnent à l’empereur les titres les plus pompeux ; ils l’appellent Tien-tsé, c’est-à-dire fils du ciel ; Hoang-ti, auguste et souverain empereur ; Ching-hoang, saint empereur ; Chao-ting, palais royal ; Van-soui, dix mille années. Mais l’empereur n’emploie jamais ces expressions lorsqu’il parle de lui-même ; il se sert du terme ngo, qui signifie je ou moi ; et lorsqu’il paraît en public, assis sur son trône, il emploie celui de chin, qui signifie salut, avec cette différence qu’il est le seul qui fasse usage de ce mot. Le langage du palais est fort pompeux : on ne dit jamais, sonnez de la trompette, battez du tambour, etc. ; mais ta-hui, c’est-à-dire que le ciel lâche son tonnerre. Pour faire entendre que l’empereur est mort, ils disent ping-tien, qui signifie il est entré nouvel hôte au ciel, ou pung, c’est-à-dire une grande