Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gistrats et des particuliers, il leur donne à chacun le sceau de leur charge.

Le respect que les Chinois ont pour leur empereur répond à la grandeur de son autorité : c’est une espèce de divinité pour son peuple. On lui rend des honneurs qui approchent de l’adoration. Ses paroles sont comme autant d’oracles, et ses moindres commandemens sont exécutés comme s’ils venaient du ciel. Personne, sans en excepter ses frères, ne peut lui parler qu’à genoux. On ne paraît point en cérémonie devant lui dans une autre posture, s’il n’en donne l’ordre exprès. Il n’y a que les seigneurs de son cortège ordinaire qui aient la liberté d’être debout en sa présence ; mais ils sont obligés de fléchir le genou lorsqu’ils lui parlent. Ce respect s’étend à tous les officiers qui représentent l’empereur.

Les mandarins, les grands de la cour, et les princes mêmes du sang se prosternent non-seulement devant la personne de l’empereur, mais même devant son fauteuil, son trône, et tout ce qui sert à son usage ; ils se mettent quelquefois à genoux devant son habit ou sa ceinture. Le premier jour de l’an, ou le jour de sa naissance, lorsque les mandarins des six cours souveraines viennent lui rendre les devoirs de cérémonie dans une des cours du palais, il est rare qu’il s’y trouve présent, et quelquefois il est fort éloigné du lieu où ces hommages lui sont rendus. S’il tombe dans quelque maladie dangereuse, l’alarme devient