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propre réputation. Khang-hi, le dernier empereur, déposa le seul fils qu’il eut de son épouse légitime. On vit avec étonnement un prince dont l’autorité avait été presque égale à celle de l’empereur, chargé de fers dans une étroite prison. Ses enfans et ses principaux officiers furent enveloppés dans le même sort ; et les gazettes furent aussitôt remplies de manifestes qui rendaient compte au public de la conduite de l’empereur.

Ce monarque dispose, avec le même pouvoir, de toutes les dignités de l’empire, sans être obligé de les conférer aux personnes qui lui sont proposées par les tribunaux. Cependant il confirme ordinairement leur choix après avoir examiné lui-même les sujets qui doivent leur élection à la voix des suffrages. À l’égard des premiers postes, tels que ceux de tsong-tou, de gouverneurs, etc., c’est à l’empereur seul que cette nomination appartient. Il élève, il dégrade, suivant le mérite et la capacité des sujets. En général, il n’y a point d’emploi vénal à la Chine. Les princes mêmes du sang impérial n’ont aucun droit aux titres et aux honneurs, sans la permission expresse de l’empereur. Celui dont la conduite ne répond point à l’attente du public perd ses dignités et ses revenus par l’ordre du prince, et n’est plus connu par d’autres distinctions que celle de la ceinture jaune. On lui accorde seulement, pour sa subsistance, une médiocre pension du trésor royal.