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Quoique chaque particulier soit parfaitement maître de son bien, et vive paisiblement dans la possession de ses terres, l’empereur est le maître d’imposer les taxes qu’il juge convenables au bien de l’état ; mais, hors le cas d’une pressante nécessité, il use rarement de ce pouvoir. C’est une coutume établie d’exempter chaque année une ou deux provinces de fournir sa part des taxes, surtout lorsqu’elle a souffert de quelque maladie, ou lorsque le mauvais temps a fait tort à ses productions.

Il n’y a point de tribunal dans l’empire dont la sentence n’ait besoin d’être confirmée par l’autorité du prince ; mais les décrets qui viennent immédiatement de lui sont perpétuels et irrévocables. Les vice-rois et les tribunaux des provinces sont obligés de les enregistrer et de les faire publier aussitôt dans toute l’étendue de leur juridiction.

L’empereur choisit pour son héritier celui d’entre ses enfans qu’il juge le plus propre à lui succéder. S’il ne se trouve personne dans sa famille qui lui paraisse digne du gouvernement, il peut porter son choix sur un de ses sujets ; mais ces exemples ne sont connus que dans les temps fort anciens. S’il préfère à son fils aîné quelqu’un qui l’emporte sur lui par le mérite, une si belle action rend son nom immortel. S’il arrive que celui qu’il choisit paraisse répondre mal à l’espérance publique, il n’a rien de mieux à faire que de l’exclure et d’en nommer un autre, s’il veut conserver sa