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qu’elle a passé sous d’autres maîtres sans changer de forme.

Le nom de république n’avait jamais été connu des Chinois jusqu’à l’arrivée des Hollandais, et l’on eut peine à leur faire comprendre qu’un état pût se gouverner sans roi. Ils regardaient un gouvernement populaire comme un monstre à plusieurs têtes, formé par l’ambition, l’inconstance et la corruption des hommes dans les temps de désordre et de confusion publique.

Le gouvernement politique de la Chine est fondé sur le pouvoir paternel, dont il semble être l’image. L’empereur porte le nom de père de l’empire. Un vice-roi est le père de la province où il commande, comme un mandarin est celui de la ville qu’il gouverne. Aussi, quoique la Chine soit une monarchie, et peut-être la plus absolue qu’il y ait au monde, sa constitution est fondée sur de si excellentes maximes, et tous ses règlemens sont si bien rapportés au bien public, qu’il n’y a peut-être pas de nation sur la terre qui jouisse d’une liberté plus raisonnable, ni dont les particuliers et les propriétés soient mieux à couvert de la violence et de l’oppression des officiers de la couronne. Comme c’est dans la personne de l’empereur que réside un pouvoir si vaste, les Chinois pensent qu’on ne peut apporter trop de soin à former l’esprit et le caractère des princes qui sont destinés au trône.

L’autorité impériale est absolue à la Chine.