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Il voulait faire entendre que l’édifice de la perfection, auquel il avait travaillé toute sa vie, était presque entièrement ruiné. Il commença dès lors à languir. Enfin, s’étant tourné vers ses disciples : « Le roi, leur dit-il, refuse de suivre mes maximes ; puisque je ne suis plus utile à rien sur la terre, il est temps pour moi de la quitter. » À peine eut-il prononcé ces paroles, qu’il tomba dans une léthargie qui dura sept jours, à la fin desquels il expira dans les bras de ses disciples. C’était Ngai-Cong qui régnait alors dans le pays de Lou. Ce prince ne put retenir ses larmes en apprenant la mort du philosophe. « Le ciel est irrité contre moi, s’écria-t-il, puisqu’il m’enlève Cong-fou-tzée.»

Le philosophe chinois fut pleuré de tout l’empire, mais particulièrement de ses disciples, qui prirent le deuil avec autant d’éclat que pour la mort d’un père. Ces sentimens de vénération n’ayant fait qu’augmenter avec le temps, il est aujourd’hui regardé comme le grand maître de la morale, et le premier docteur de l’empire. Depuis sa mort, tout l’empire chinois n’a pas cessé d’honorer sa mémoire ; et vraisemblablement cette vénération, qui s’est communiquée si fidèlement à la postérité, n’aura point d’autre fin que celle du monde. Les empereurs lui ont fait bâtir, dans toutes les provinces, des palais ou des temples, où les savans s’assemblent pour lui rendre certains honneurs. On y lit, en plusieurs endroits, en gros caractères : Au grand maître, au premier doc-