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crainte avait dispersés ; et ceux qui avaient le plus d’affection pour lui le pressant de prendre la fuite pour éviter la fureur du mandarin : « Si le ciel, leur dit-il, nous accorde sa protection, quel mal peut nous faire toute : la puissance des hommes ? » Cette réponse ne permet pas de douter qu’il ne reconnût une Providence.

Les vertus du philosophe chinois tiraient un nouveau lustre de sa modestie. On ne l’entendit jamais parler avantageusement de lui-même ; il n’écoutait pas volontiers les louanges : s’il y faisait quelque réponse, c’était par des reproches qu’il se faisait de veiller avec trop peu de soin sur ses actions et de négliger la pratique du bien. Lorsqu’on marquait de l’admiration pour sa vertu et pour la sublimité de sa morale, il se hâtait de reconnaître qu’elle lui était venue de deux grands législateurs Yao, et Chun, qui vivaient quinze cents ans avant lui.

Cong-fou-tzée, après avoir heureusement fini ses travaux philosophiques, mourut dans le royaume de Lou, sa patrie, âgé de soixante-treize ans, dans la quarante-unième année du règne de King-vang, vingt-cinquième empereur de la race de Tcheou. Peu de jours avant sa dernière maladie, il dit à ses disciples, les larmes aux yeux, « qu’il était pénétré de douleur à la vue des désordres qui régnaient dans l’empire ; » il ajouta que « la montagne était tombée, la grande machine détruite, et qu’on ne verrait plus paraître de sagesse. »