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Ling-vang, vingt-troisième empereur de la race des Tcheou, cinq cent cinquante-un ans avant Jésus-Christ, et deux ans avant la mort de Thalès, un des sept sages de la Grèce ; il fut contemporain du fameux Pythagore et de Solon, et antérieur de quelques années à Socrate ; mais il a cet avantage sur eux, que sa législation n’a point été détruite par le temps, et qu’elle subsiste encore dans le plus grand empire du monde, qui croit lui être redevable de sa durée et de sa splendeur.

Ce sage philosophe, sans tourner son attention, comme Thalès, sur les secrets impénétrables de la nature et sur l’origine du monde ; sans vouloir approfondir, comme Pythagore, l’essence des punitions et des récompenses futures, se borna uniquement à parler du principe de tous les êtres, à inspirer pour lui du respect, de la crainte et de la reconnaissance, à persuader aux hommes qu’il connaît tout, jusqu’à nos plus secrètes pensées ; qu’il ne laisse jamais la vertu sans récompense, ni le crime sans châtiment, dans quelque condition que l’une ou l’autre ait été dans cette vie. Telles sont les maximes qui se trouvent répandues dans tous ses ouvrages, et par lesquelles il entreprit de réformer les mœurs.

Il n’avait que trois ans lorsqu’il perdit Cho-liang-hé son père, qui mourut à l’âge de soixante-treize ans. Quoique ce vieillard eût occupé les plus grands emplois du royaume de Song, il ne laissa point d’autre héritage à