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tingue des mahométans, qui portent celui de Ti-mo-kiao.

Il y a plus de six cents ans que ceux-ci sont établis dans diverses provinces de l’empire, où ils vivent assez tranquillement, parce qu’ils ne se donnent pas de grands mouvemens pour étendre leur doctrine et se faire des disciples. Leur nombre s’accrut d’abord par la seule voie des alliances ; mais, depuis plusieurs années, l’argent leur sert beaucoup à l’augmenter. Ils achètent de tous côtés des enfans que leurs parens ne font pas scrupule de vendre, lorsqu’ils ne sont point en état de les élever. Pendant une famine qui ravagea la province de Chan-tong , ils en achetèrent ainsi plus de dix mille. Ils les marient et les établissent dans des villes dont ils ont aussi quelque partie, ou qu’ils bâtissent à leurs propres frais. Cette méthode les a rendus si puissans dans plusieurs endroits, qu’ils n’y souffrent point ceux qui refusent d’aller à la mosquée, et que, dans l’espace d’un siècle, ils se sont extrêmement multipliés. Il est probable qu’ils s’étaient introduits à la Chine avec l’armée des Tartares occidentaux, sous Gengis-khan, ou sous ses premiers successeurs.

Nous ne pouvons mieux terminer cet article que par un précis de la vie de Cong-fou-tzée, le législateur des lettrés de la Chine. Cong-fou-tzée naquit dans une bourgade du royaume de Lou, qui est aujourd’hui la province de Chan-tong, la vingtième année du règne de