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la situation des édifices, mais encore la manière de placer les portes, le jour, et la manière de disposer le fourneau pour faire cuire le riz, et quantité d’autres particularités de la même nature. Le pouvoir du fong-choui s’étend encore plus sur les sépulcres des morts. Certains imposteurs font leur métier de découvrir les montagnes et les collines dont l’aspect est favorable ; et lorsque, après diverses cérémonies ridicules, ils ont fixé un lieu pour cet usage, on ne croit pas qu’il y ait de trop grosses sommes pour acheter cette heureuse portion de terre.

Les Chinois sont persuadés que le bonheur ou le malheur de la vie dépend de ce fong-choui. Si quelqu’un se distingue entre les personnes du même âge par ses talens et sa capacité, s’il parvient de bonne heure au degré de docteur ou de quelque emploi, s’il devient père d’une nombreuse famille, s’il vit long-temps, ce n’est point à son mérite, à sa sagesse, à sa probité, qu’il en a l’obligation ; son bonheur vient de l’heureuse situation de sa demeure, ou de ce que la sépulture de ses ancêtres est partagée d’un excellent fong-choui.

Les Juifs sont établis depuis plusieurs siècles à Kai-fong-fou, capitale de la province de Ho-nan ; ils portent à la Chine le nom de Tiao-kin-kiao, qui signifie qu’ils s’abstiennent de sang. Ils ont reçu ce nom des Chinois, et le portent d’autant plus volontiers qu’il les dis-