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chinois est très-porté à la superstition : on prétend même que quelques mandarins n’en sont pas exempts, et qu’ils souffrent chez eux le charlatanisme des bonzes, soit par une crédulité que leurs lumières acquises ne peuvent pas vaincre, soit par faiblesse pour les femmes, qui la plupart ont du penchant pour les prestiges et les sortiléges des prêtres de Fo. Trois causes, dit-on, toujours subsistantes, concourent à maintenir le pouvoir que ces imposteurs conservent à la Chine.

La première est le souan-ming, ou le métier de diseur de bonne aventure. Le pays est plein de gens qui calculent les nativités, et qui, jouant d’une espèce de tuorbe, vont de maisons en maisons pour offrir à chacun de lui dire sa bonne ou sa mauvaise fortune. La plupart sont des aveugles, et le prix de leur service est d’environ deux liards. Il n’y a point d’extravagances qu’ils ne débitent sur les huit lettres dont l’an, le jour, le mois et l’heure de la naissance sont composés : cet horoscope se nomme pa-tsé. Ils prédisent les malheurs dont on est menacé ; ils promettent des richesses et des honneurs, du succès dans les entreprises de commerce et dans l’étude des sciences ; ils découvrent la cause de vos maladies et de celles de vos enfans, les raisons qui vous ont fait perdre votre père, votre mère, etc. Les infortunes viennent toujours de quelque idole que vous avez eu le malheur d’offenser ; ils vous conseillent de ne pas perdre de temps