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sionnaires, étonnés de cette ressemblance, ont cru qu’elle en pouvait être une corruption, et que, vers le septième ou le huitième siècle, les peuples du Thibet et de la Tartarie peuvent avoir été convertis par les Nestoriens. D’autres se sont figuré que l’Évangile peut avoir été prêché dans ces régions, du temps même des apôtres ; mais comment donner de la vraisemblance à cette opinion, s’il paraît certain, par les histoires chinoises, que la religion de Fo ait précédé de plus de mille ans celle de Jésus-Christ ? Couplet, Le Comte, et plusieurs autres missionnaires n’opposent rien à cette objection : il est vrai que Duhalde, en parlant de la naissance de Fo, n’en rapporte point le temps ; mais il observe dans plusieurs autres endroits, particulièrement dans une note sur le philosophe Chin, que Fo vivait cinq cents ans avant Pythagore ; il ajoute que Pythagore tira des disciples de Fo sa doctrine de la métempsycose. Sans entreprendre d’éclaircir ces ténèbres, on croit devoir rapporter ici une observation du père Navarette. La fameuse figure, qui se nomme San-pao, dit ce missionnaire, que les Chinois donnent pour l’image de leur Ternaire, est exactement semblable à celle qu’on voit à Madrid sur le grand autel du couvent des Trinitaires. Un Chinois qui se trouverait en Espagne pourrait s’imaginer qu’on y adore le san-pao de son pays.

De la plupart des faits que nous avons recueillis, il résulte en général que le peuple