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bouche. Aussitôt qu’il fut délivré de ce tourment, il se mit à crier de toute sa force : « Vengez-moi de ces assassins, qui veulent me noyer. Je suis un bachelier dans les arts ; j’allais à Pékin pour l’examen. Hier, une troupe de bonzes m’enleva violemment ; ils m’ont attaché ce matin à cette machine pour me noyer ce soir, dans la vue de je ne sais quelle détestable cérémonie. » Tandis qu’il exprimait ses plaintes, les bonzes avaient commencé à s’éloigner ; mais les gardes qui accompagnent sans cesse les gouverneurs en arrêtèrent quelques-uns. Le supérieur, c’est-à-dire celui qui avait harangué l’assemblée, fut jeté sur-le-champ dans la rivière, où les esprits charitables ne se présentèrent pas pour le recevoir. Les autres coupables furent resserrés dans une étroite prison, et reçurent ensuite la punition qu’ils méritaient. Ici l’atrocité est jointe au ridicule ; et c’est ordinairement le double caractère de la superstition.

Depuis que les Tartares règnent à la Chine, les lamas, autre sorte de bonzes, sont venus s’y établir : leur habit est différent de celui des bonzes chinois par la taille et la couleur ; mais leur religion est la même, ou ne diffère que par un petit nombre de pratiques superstitieuses. Ils servent de chapelains à la noblesse tartare qui habite à Pékin.

On a déjà dû remarquer dans plusieurs articles de la religion de Fo une conformité surprenante avec le christianisme. Quelques mis-