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remettre au cours ordinaire de la justice. L’affaire fut portée au conseil de Pékin ; en un mot, après de longues discussions, l’idole fut condamnée au bannissement perpétuel, comme inutile au bien de l’empire : son temple fut abattu ; et les bonzes qui la représentaient furent châtiés sévèrement.

Le respect que le peuple chinois porte aux prêtres n’empêche pas que les personnes prudentes ne soient sur leurs gardes, et que les magistrats n’aient toujours l’œil ouvert sur eux dans toutes les parties de leur juridiction. Il y a peu d’années, raconte le même auteur, que le gouverneur d’une ville, voyant une foule de peuple assemblée sur le grand chemin, eut la curiosité de faire demander la cause de ce tumulte. On lui répondit que les bonzes célébraient une fête extraordinaire. Ils avaient placé sur un théâtre une machine terminée par une petite cage de fer, au-dessus de laquelle passait la tête d’un jeune homme, dont on ne voyait distinctement que les yeux, mais qui les roulait d’une manière effrayante : un bonze paraissant sur le théâtre au-dessus de la machine, avait annoncé au peuple que ce jeune homme allait se sacrifier volontairement, en se précipitant dans une rivière profonde qui coulait près du grand chemin ; « cependant, avait ajouté le bonze, il n’en mourra point : au fond de la rivière, il sera reçu par des esprits charitables, qui lui feront un accueil aussi favorable qu’il puisse le désirer. En vérité,