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lettrés, les laboureurs, les marchands, et les artisans ; mais les disciples de Fo exhortent sans cesse le peuple à s’éloigner de ces quatre voies pour entrer dans celle qu’ils ont prise eux-mêmes et dont ils vantent les avantages. « Supposons, continue le philosophe Chin, que tout le monde suivît leur exemple, que deviendraient les professions les plus nécessaires à l’état ? Qui prendrait soin de cultiver les terres et de travailler aux manufactures ? D’où nous viendraient les étoffes et les alimens pour le soutien de la vie ? Peut-on s’imaginer qu’une doctrine dont l’établissement universel entraînerait la ruine de l’empire ait la vérité pour fondement ? »

Observons avec l’abbé Prévost que les traducteurs anglais de Duhalde ne manquent pas d’attribuer à la religion romaine toutes les pratiques de la secte de Fo.

Les bonzes ne laissent pas de maltraiter quelquefois leurs idoles. N’en obtiennent-ils rien après de longues prières, ils les chassent de leur temple, comme des divinités impuissantes, les accablent de reproches, et leur donnent des noms outrageans auxquels ils joignent quelquefois des coups : « Comment, chien d’esprit, nous vous logeons dans un temple magnifique, nous vous revêtons d’une belle dorure, nous vous nourrissons bien, nous vous offrons de l’encens, et tous nos soins ne font de vous qu’un ingrat qui nous refuse ce que nous lui demandons ! » Là-