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dolence, dans l’inaction, dans la cessation de tous les désirs, et dans la privation de tous les mouvemens du corps, dans l’annihilation de toutes les facultés de l’âme et dans la suspension générale de la pensée que consistent la vertu et le bonheur. Lorsqu’on est une fois parvenu à cet heureux état, toutes les vicissitudes et les transmigrations étant finies, on n’a plus rien à redouter, parce qu’à parler proprement, on n’est plus rien ; et, pour renfermer toute la perfection de cet état dans un seul mot, on est parfaitement semblable au dieu Fo. Nous avons déjà vu cette doctrine à Siam. Les docteurs de la Chine l’ont toujours combattue. L’un d’entre eux, nommé Chin, a tracé un tableau énergique des vices et des prestiges de ces imposteurs.

« Les sectateurs de Fo, dit-il, sont persuadés qu’ils peuvent s’abandonner impunément aux actions les plus criminelles, et qu’en brûlant un peu d’encens pendant la nuit, ou récitant quelques prières devant une statue, ils obtiennent le pardon de tous leurs crimes. Les dévots, dit-il ailleurs, sont insensibles aux nécessités d’un père et d’une mère qui souffrent le froid et la faim : toute leur attention se borne à ramasser une somme d’argent pour orner l’autel de Fo ou de quelque autre dieu qu’ils honorent d’un culte particulier. »

La Chine a quatre sortes de professions, entre lesquelles ses habitans font leur choix, et qui servent à l’entretien de la société : les