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pour les meilleurs, parce que ce sont ceux qui m’incommodent le plus ; cependant ils ne vous coûteront pas plus que les autres. » Il prononça ce discours d’un air qui aurait fait rire le missionnaire dans toute autre occasion.

L’avidité des bonzes pour les aumônes les rend toujours prêts à se rendre indifféremment chez les riches et les pauvres, au moment qu’ils y sont appelés : ils y vont en tel nombre qu’on le souhaite ; ils y demeurent aussi long-temps qu’on veut les retenir. Si c’est pour quelque assemblée de femmes, ils mènent avec eux un grand bonze, qui est distingué des autres par le respect qu’ils lui portent, par le droit de préséance, et par un habillement propre à son rang.

Ces assemblées dévotes leur rapportent un revenu considérable. On voit dans les villes plusieurs sociétés de dix, quinze ou vingt femmes avancées en âge, ou veuves, et par conséquent libres dans la disposition de leurs bourses. Les bonzes choisissent particulièrement les dernières pour supérieures ou pour abbesses de la société. Chacune obtient ce degré d’honneur à son tour, et le possède l’espace d’un an. C’est chez la supérieure que se tiennent les assemblées, et les autres contribuent d’une certaine somme d’argent aux dépenses nécessaires pour l’entretien de l’ordre. Les jours d’assemblée, un vieux bonze, qui en est le président, chante des hymnes à l’hon-