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employés à demander l’aumône ; d’autres, qui ont acquis la connaissance des livres, et qui parlent poliment, sont chargés de visiter les gens de lettres et de s’insinuer dans la faveur des mandarins. Ils ont aussi dans leurs couvens de vénérables vieillards qui président aux assemblées des femmes ; mais ces assemblées sont en petit nombre, et ne sont point en usage dans toutes les villes. Quoique les bonzes n’aient pas de hiérarchie régulière, ils ont des supérieurs qu’ils appellent ta-hoc-hang, ou grands bonzes. Ce rang ajoute beaucoup à la considération qu’ils peuvent avoir acquise par leur âge, par leur extérieur grave et modeste, et par tous les artifices de l’hypocrisie. On rencontre des maisons ou des couvens de bonzes dans toutes les parties de l’empire.

Il n’y a point de province qui n’ait quelques montagnes où les bonzes ont bâti des couvens qui sont plus honorés que ceux des villes. On y va de fort loin en pèlerinage. Les dévots se mettent à genoux en arrivant au pied de la montagne, et se prosternent a chaque pas qu’ils font pour y monter. Ceux qui ne peuvent entreprendre le voyage prient leurs amis d’acheter pour eux une grande feuille imprimée, dont le coin est signé de la marque des bonzes. Au centre est la figure du dieu Fo, entourée d’un grand nombre de cercles. Les dévots de l’un et de l’autre sexe portent au cou, et quelquefois autour du bras, une espèce de rosaire, composé de cent grains, d’une grosseur mé-