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vos parens, brûlez du papier doré et argenté, avec quantité d’habits d’étoffes de soie, qui seront changés dans l’autre monde en or, en argent et en habits réels. Ainsi non-seulement vous pourvoirez aux nécessités des personnes qui vous sont chères, mais vous les mettrez en état d’obtenir la faveur des dix-huit gardes de l’enfer, qui, sans cela, seraient inexorables, et capables de les traiter avec la dernière rigueur. Si vous négligez ces commandemens, vous ne devez vous attendre, après la mort, qu’à de cruels supplices. Votre âme, par un long cours de transmigrations, passera dans les plus vils animaux, et vous reparaîtrez successivement sous la forme d’un mulet, d’un cheval, d’un chien, d’un rat, et d’autres créatures encore plus méprisables. »

Il serait difficile de faire comprendre toute la force de ces terribles chimères sur l’esprit crédule et superstitieux des Chinois. Le père Le Comte en rapporte un exemple. Se trouvant dans la province de Chen-si, il fut un jour appelé pour baptiser un malade qui était àgé de soixante-dix ans. Ce vieillard vivait d’une petite pension qui lui avait été accordée par l’empereur, et les bonzes lui avaient assuré que la reconnaissance lui imposerait dans l’autre monde un devoir assez pénible ; c’était d’y servir l’empereur en portant les dépêches de la cour dans les provinces. Aussi son âme, pour cet office, devait passer dans le corps d’un