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des paraboles, sous le voile desquelles il avait caché la vérité pendant l’espace de quarante ans ; mais qu’étant près de les quitter, il voulait leur communiquer le fond de sa doctrine ; qu’il n’y avait pas d’autre principe des choses que le vide et le néant, que tout était sorti du néant et y devait rentrer, et que telle était la fin de toutes les espérances. On n’entend pas trop comment le néant et le vide sont des principes, ou, pour mieux dire, comment rien produit quelque chose. C’est directement l’opposé de ce vers fameux de Lucrèce :

Ex nihilo nihil, in nihilum nil posse reverti


Le testament philosophique de Fo n’était pas plus clair que ses paraboles.

Ses disciples ne manquèrent pas, après sa mort, de répandre une infinité de fables, qui en imposèrent facilement à la crédulité du peuple. Ils publièrent que leur maître était né huit mille fois, que son âme avait passé successivement dans plusieurs animaux, et qu’il s’était fait voir sous la forme d’un singe, d’un dragon, d’un éléphant blanc. Comme le but de cette imposture était d’introduire son culte sous la figure de ces divers animaux, on ne manqua point de leur rendre des adorations, parce qu’ils avaient servi de demeures à l’âme de Fo. Les Chinois mêmes ont bâti des temples à toutes sortes d’idoles dans toute l’étendue de l’empire. Mo-kia-ye, disciple favori de Fo, demeura le dépositaire de ses plus importans secrets, et