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desquelles il eut un fils nommé, par les Chinois, Mo-cheou-lo ; à dix-neuf ans, il abandonna ses femmes et tous les soins terrestres pour se retirer dans un lieu désert avec quatre philosophes, que les Indiens nomment Ioghis ; à trente ans, il se trouva tout d’un coup pénétré de la Divinité, et devint Fo, c’est-à-dire un de ces dieux que les Indiens nomment pagodes ; ensuite, se regardant lui-même comme un être divin, il ne pensa plus qu’à répandre sa doctrine, et qu’à s’attirer la vénération du peuple par les merveilles dont sa prédication était accompagnée. Les Chinois de sa secte ont représenté ses miracles dans un grand nombre de gravures qui forment plusieurs gros volumes. On aurait peine à croire combien cette ridicule divinité s’attira d’adorateurs : sa doctrine fut répandue dans toutes les parties de l’Orient par quarante mille apôtres qui passaient pour ses disciples favoris ; mais dans cette multitude on en distinguait dix d’un mérite et d’un rang supérieurs, qui publièrent cinq mille volumes à l’honneur de leur maître. Les Chinois donnent a ces sectateurs, ou plutôt à ces prêtres, le nom de ho-chang ; les Tartares, celui de lamas, ou de la-ma-sengs ; les Siamois, celui de talapoins ; et les Japonais, ou plutôt les Européens, celui de bonzes.

Il mourut à l’âge de soixante-dix-neuf ans. À l’approche de sa dernière heure, il assembla ses disciples pour leur déclarer que jusqu’alors il ne s’était expliqué que par des figures et