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envoya des ambassadeurs aux Indes pour découvrir quel était ce saint, et se faire instruire de sa doctrine. Ceux qu’il avait chargés de ses ordres s’imaginèrent l’avoir trouvé parmi les adorateurs d’une idole nommée Fo ou Foé, qu’ils apportèrent à la Chine, avec les fables, les superstitions et la doctrine de la métempsycose, dont les livres indiens étaient remplis.

Ils racontent que Fo était né dans cette partie des Indes que les Chinois nomment Chung-tien-cho ; que son père, nommé Iu-fan-vang, était roi de ce pays, et que sa mère se nommait Mo-yé ; qu’elle accoucha de lui par le côté droit, et qu’elle mourut peu de temps après. Il faudrait donc conclure de cet exemple, comparé aux circonstances de la naissance de Lao-kiun, que les prophètes ne viennent au monde que par le côté, et coûtent toujours la vie à leur mère ; car il n’en peut pas coûter moins pour accoucher d’un homme divin. Pendant sa grossesse, la mère de Fo ne cessa point de rêver qu’elle avait avalé un éléphant, et de là viennent les honneurs que les rois indiens rendent aux éléphans blancs, jusqu’à se faire souvent la guerre entre eux pour s’en procurer un. Fo se tint debout au moment de sa naissance, et il fit sept pas en montrant le ciel d’une main et la terre de l’autre ; sa langue s’étant déliée tout d’un coup, il prononça les paroles suivantes : Au ciel et sur la terre, il n’y a que moi qui mérite d’être adoré. À l’âge de dix-sept ans, il épousa trois femmes, de l’une