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font paraître dans l’air la figure du chef de leur secte et celle de leurs idoles. « Quelquefois, dit-il encore, pour répondre aux questions qu’on leur fait sur l’avenir, ils emploient une plume ou un pinceau qui écrit, seul et sans être touché de personne, toutes leurs explications sur le papier ou sur le sable ; ils font passer en revue, dans un chaudron plein d’eau, toutes les personnes d’une maison ; ils y font voir tous les changemens qui doivent arriver dans l’empire, et les dignités imaginaires qu’ils promettent pour récompense à ceux qui embrassent leur secte ; enfin ils prononcent des paroles mystérieuses qui n’ont aucun sens, et s’attribuent le pouvoir de charmer les hommes et les maisons. Rien n’est si commun à la Chine que les récits de ces sortes d’histoires ; et quoiqu’il y ait beaucoup d’apparence, suivant la reflexion de Duhalde lui-même, que la plus grande partie n’est qu’illusion, il ne croit pas que tout doive être regardé du même œil, et il est persuadé qu’un grand nombre de ces effets doit être attribué au pouvoir du diable.

Suivant le récit des missionnaires, ce fut environ soixante-cinq ans avant la naissance de Jésus-Christ que l’empereur Ming-ti introduisit dans l’empire une nouvelle secte, plus dangereuse encore que la précédente, et dont les progrès furent beaucoup plus rapides. Ce prince s’étant rappelé, à l’occasion d’un songe, qu’on avait souvent entendu dire à Confucius que le saint devait paraître du côté de l’ouest,