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beaucoup sous la dynastie des Song, dont le troisième empereur, nommé Tchin-tsong, se laissa ridiculement tromper par leurs artifices. Pendant une nuit obscure, ils suspendirent à la grande porte de la ville impériale un livre composé de sentences et de caractères magiques pour l’invocation des démons. Ils publièrent qu’il était tombé du ciel ; aussitôt le crédule monarque l’alla recevoir de leurs mains avec une profonde vénération, et le porta comme en triomphe dans son palais, où, l’ayant renfermé dans une boite d’or, il le garda soigneusement. Telle fut l’origine du nouveau culte d’une multitude d’esprits, qui furent reconnus pour autant de divinités indépendantes, et honorés du nom de Chang-ti ; on déifia même quelques anciens princes auxquels on adressa des prières.

L’histoire des prêtres de Lao-kiun est précisément celle de nos sorciers, qui dupent encore les imbéciles et les bonnes femmes ; ils s’associent à prix d’argent quantité de misérables qui exercent la divination comme un métier ; ils disent à une personne qui vient les consulter, et qu’ils n’ont jamais vue, son nom, l’état de sa famille, sa position, sa demeure, le nombre de ses enfans, leur nom et leur âge, et mille autres particularités ; et plutôt que d’imaginer qu’ils ont pu s’en informer, Duhalde aime mieux croire que le démon peut bien en être instruit et les en instruire. Il ajoute que ces enchanteurs, après avoir invoqué les démons,