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noises, que cette apparition fut réelle. Il ajoute qu’elle attacha plus que jamais l’empereur aux pernicieux principes qu’il avait embrassés. Ce prince but plusieurs fois de la liqueur d’immortalité ; mais, s’apercevant à la fin qu’il n’en était pas moins mortel, il déplora trop tard l’excès de sa crédulité.

Cependant la secte des magiciens ne reçut aucun préjudice de sa mort, et trouva même de la protection dans ses successeurs ; elle acquit même tant de force, que, sous les empereurs de la dynastie des Tang, on donnait aux prêtres de cette secte le titre de tien-ssé, qui signifie docteurs célestes. Le fondateur de cette race impériale éleva un temple magnifique à Lao-kiun, et Hiuen-tsong, sixième empereur de la même dynastie, fit apporter avec beaucoup de pompe la statue de ce philosophe dans son palais.

Les successeurs de Lao-kiun ont toujours été revêtus de la qualité de grands mandarins, et font leur résidence dans une ville de la province de Kiang-si, où ils ont un palais magnifique : on y voit arriver des provinces voisines une foule continuelle de dévots qui viennent y chercher des remèdes à leurs maladies, ou demander des éclaircissemens sur leur destinée, et sur tout ce qui doit leur arriver dans le cours de leur vie ; ils reçoivent du tien-ssé un billet rempli de caractères magiques, et partent fort satisfaits, après l’avoir payé. Le crédit de ces imposteurs augmenta