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de ses disciples ont beaucoup de ressemblance, dit-on, avec ceux d’Épicure : ils consistent à se délivrer des passions qui peuvent troubler la tranquillité de l’âme. L’objet d’un homme sage, suivant la doctrine de Lao-kiun, doit être de passer sa vie sans inquiétude et sans embarras. Dans cette vue, il ne doit jamais tourner ses réflexions sur le passé, ni sa curiosité sur l’avenir. Être agité par des soins, occupé de grands projets, livré à l’ambition, à l’avarice, et à d’autres passions, c’est vivre pour sa prospérité plus que pour soi-même. Or il y a de la folie, suivant les principes de Lao-kiun, à chercher le bonheur d’autrui, et même le nôtre, aux dépens de notre repos ; parce que tout ce que nous regardons comme le bonheur cesse de mériter ce nom lorsque la paix de l’âme en reçoit la moindre altération. Aussi les partisans de cette philosophie affectent-ils un calme qui suspend, disent-ils, toutes les fonctions de leur âme ; mais, comme cette tranquillité ne peut résister à la crainte de la mort, ils se vantent d’avoir trouvé une liqueur nommé Tchang-seng-yo, qui les rend immortels. Ils sont livrés à l’alchimie, et fort infatués de la pierre philosophale. Leur passion pour la magie n’est pas moins aveugle : ils sont persuadés qu’avec l’assistance des démons qu’ils invoquent, ils peuvent réussir dans toutes leurs entreprises. L’espérance de se rendre immortels engage un grand nombre de mandarins à l’étude de cet art impos-