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Quoique les livres canoniques placent les âmes des hommes vertueux près de Chang-ti, ils ne s’expliquent pas clairement sur les châtimens éternels dans une autre vie. De même, quoiqu’ils assurent que l’Être suprême a créé tout de rien, leur doctrine n’est pas claire sur l’idée de création. Il est fort remarquable qu’on ne trouve dans leurs livres canoniques aucune trace d’idolâtrie, jusqu’à ce que la statue de Fo ait été apportée à la Chine, plusieurs siècles après Confucius : c’est depuis cette époque que la magie et quantité d’autres erreurs ont commencé à se répandre ; mais les lettrés, constamment attachés à la doctrine de leurs ancêtres, ont toujours échappé à la contagion.

Rien n’a tant contribué au soutien de l’ancienne religion parmi les Chinois que l’établissement d’un suprême tribunal des rites, qui est presque aussi ancien que la fondation de l’empire, et qui a le pouvoir de condamner ou de supprimer toutes les superstitions dont il découvre la naissance. Quelques missionnaires, qui ont lu les décrets des mandarins dont ce tribunal est composé, observent qu’à la vérité, ils exercent quelquefois en secret certaines superstitions ; mais qu’étant assemblés en corps pour leurs délibérations communes, ils s’accordent ouvertement à les condamner.

La Chine s’est garantie fort long-temps des superstitions qui régnaient dans les autres