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enfin ils attachent beaucoup de pris à écrire proprement et à peindre exactement leurs caractères. C’est à quoi l’on apporte une extrême attention dans l’examen de ceux qui se présentent pour les degrés. Les Chinois préfèrent un beau caractère d’écriture au tableau le plus fini ; et souvent une page de quelque vieil écrit bien exécuté se vendra fort cher. Ils rendent une espèce d’honneur à leurs caractères jusque dans les livres les plus communs ; et si le hasard leur fait rencontrer quelques feuilles imprimées, ils ne manquent point de les ramasser avec respect. Celui qui marcherait dessus, ou qui les jetterait négligemment, passerait pour un homme sans éducation. La plupart des menuisiers et des maçons se croiraient coupables s’ils déchiraient une feuille imprimée, lorsqu’ils la trouvent collée sur un mur ou contre une fenêtre.

On lit dans quelques relations que les savans de la Chine, en conversant ensemble, tracent souvent des caractères avec le doigt ou avec leur éventail, sur leurs genoux, ou dans l’air ; c’est que leur langue a divers mots qui ne doivent être employés que rarement dans une conversation polie, tels que les termes de navigation et de chirurgie. Concluons que l’on peut distinguer trois sortes de langages : le vulgaire, qui varie dans les différentes provinces, surtout pour la prononciation, et qui n’est employé que dans les compositions des basses classes, ; le langage manda-