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leur composition, mais pour se souvenir même de leur signification et de leur forme. Cependant, lorsqu’on en sait parfaitement dix mille, on peut fort bien s’exprimer dans cette langue, et lire quantité de livres. Celui qui en sait le plus passe pour le plus habile ; mais la plupart des Chinois n’en savent pas plus de quinze ou vingt mille ; et parmi les docteurs mêmes il s’en trouve peu qui en sachent plus de quarante mille.

Ce prodigieux nombre de caractères est recueilli dans une espèce de vocabulaire qui se nomme Hai-pien. De même que l’hébreu a ses lettres radicales, qui font connaître l’origine des mots et la manière de trouver leurs dérivés dans les dictionnaires, la langue chinoise a aussi ses caractères radicaux, tels que ceux des montagnes, des arbres, de l’homme, de la terre, du cheval, etc. ; il faut de plus savoir distinguer dans chaque mot les traits ou les figures qui sont placés au-dessus, ou au-dessous, à côté, ou dans le corps de la figure radicale. L’empereur Kang-hi fit composer un dictionnaire qui contenait dans la première compilation quatre-vingt-quinze volumes, la plupart fort épais et d’un petit caractère : cependant il était bien éloigné de renfermer toute la langue, puisqu’on jugea nécessaire d’y joindre un supplément de vingt-quatre volumes.

Outre ce grand vocabulaire, les Chinois en ont un autre qui ne contient que huit ou dix