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et de télescopes qui leur servirent à faire des observations célestes et terrestres, à mesurer les grandes et les petites distances, à diminuer, à grossir, à multiplier ou réunir les objets. La première merveille de ce dernier genre fut un tube fait en prisme octogone, qui, étant placé parallèlement à l’horizon, représentait huit scènes différentes, et d’une manière si naturelle, qu’on les prenait pour les objets mêmes. Ce spectacle, relevé par la variété des peintures, amusa long-temps l’empereur. Les missionnaires lui firent ensuite présent d’un autre tube dans lequel était un verre polygone qui rassemblait par ses différentes faces plusieurs parties de différens objets pour en former une seule image. Ainsi des bois, des troupeaux, et cent autres figures représentées dans un tableau servaient à former distinctement un homme entier ou quelque autre objet. On ne manqua pas de faire voir à l’empereur la lanterne magique avec toutes les merveilles qu’elle présente aux yeux des ignorans. Qu’aurait dit sa majesté impériale si on lui eût appris que, dans les moindres villes de l’Europe, des gens de la dernière classe du peuple montraient aux enfans, pour quelques sous, ce qui faisait l’admiration de l’empereur de la Chine et de toute sa cour ?

La perspective ne fut point oubliée. Le père Buglio offrit à l’empereur trois dessins exécutés suivant les règles de l’art ; il en exposa les copies à la vue du public, dans le jardin des