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l’ombre, étant arrivée à la planche, se raccourcit tout d’un coup, et parut près de la ligne transversale, et à midi tomba précisément sur l’heure. Alors il fut impossible aux mandarins de cacher leur étonnement. Le ko-lao s’écria : « Le grand maître que nous avons ici ! » Les autres ne dirent mot ; mais, depuis ce moment, ils conçurent une jalousie implacable contre le missionnaire. Cependant on informa l’empereur du succès de l’observation, en lui présentant la machine, qu’il reçut fort gracieusement. Comme une affaire de cette importance ne pouvait être pesée avec trop de soin, il souhaita que l’expérience fût renouvelée pour la troisième fois sur la tour astronomique. Verbiest le satisfit avec tant de succès, que ses ennemis mêmes, qui avaient assisté à toutes les opérations par l’ordre de l’empereur, ne purent se dispenser de lui rendre justice et de louer la méthode européenne.

L’astronome mahométan n’avait pour toute connaissance du ciel que celle qu’il avait puisée dans quelques vieilles tables arabes. Il les suivait sur divers points, et depuis plus d’un an il s’était employé à la correction du calendrier, par commission des régens de l’empire ; il avait même composé suivant sa méthode un calendrier en deux volumes pour l’année suivante. Cet ouvrage, qui avait été présenté à l’empereur, fut remis au père Verbiest, avec ordre de l’examiner. Il n’était pas difficile d’y découvrir un grand nombre de fautes. Outre