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cette suie sur une feuille de papier bien sec : c’est le noir dont on se sert pour faire l’encre fine et luisante. La suie qui ne tombe point avec la plume est la plus grossière, et ne s’emploie que pour l’encre commune. Celle qu’on a recueillie sur le papier doit être bien broyée dans un mortier ; on y mêle du musc ou quelque eau odoriférante avec de bonne colle de cuir de bœuf pour incorporer les ingrédiens. Lorsque cette composition a pris la consistance de pâte, on la met dans des moules, pour lui donner sa forme, après quoi l’usage est de graver dessus, avec un cachet, des caractères ou des figures en bleu, en rouge ou en or : on fait ensuite sécher les bâtons, au soleil ou à un vent sec.

Dans la ville de Hoeï-cheou, célèbre, comme on l’a remarqué, par la beauté de son encre, les marchands ont de petites chambres où ils entretiennent nuit et jour des lampes allumées ; chaque chambre est distinguée par l’huile qu’on y brûle, et par l’espèce d’encre qui s’y fait.

Les Chinois ne se servent, pour écrire, ni de plumes comme nous, ni de canne ou de roseau comme les Arabes, ni de crayon comme les Siamois : ce sont des pinceaux de poil, particulièrement de poil de lapin, qui est le plus doux. Quand ils veulent écrire, ils ont sur la table un petit marbre poli, avec un trou à l’extrémité, pour y mettre de l’eau : ils y trempent leur bâton d’encre, qu’ils frottent plus ou