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couler ni pénétrer. Alors les ouvriers, placés aux côtés du réservoir, prennent avec des moules la surface de la liqueur, qui devient du papier presqu’à l’instant.

Les moules, dont les cadres se démontent aisément, et peuvent se resserrer ou s’élargir, sont garnis de fils de bambou, tirés aussi fins que le fil d’archal, par les trous d’une plaque d’acier. On les fait bouillir ensuite dans l’huile, jusqu’à ce qu’ils en soient bien imprégnés, afin qu’ils ne s’enfoncent pas plus qu’il n’est besoin pour prendre la surface de la liqueur.

Si l’on veut faire des feuilles d’une grandeur extraordinaire, on soutient le cadre avec des cordons et une poulie. Au moment qu’on le tire du réservoir, les ouvriers, qui sont placés sur les bords, aident à tirer promptement chaque feuille ; ensuite ils l’étendent dans l’intérieur d’un mur creux, dont les côtés sont bien blanchis, et dans lequel on fait entrer par un tuyau la chaleur d’un fourneau voisin, dont la fumée sort à l’autre bout par un petit soupirail. Cette espèce d’étuve sert à sécher les feuilles presque aussi vite qu’elles se font.

Entre les arbres dont se fait le papier, on préfère ceux qui ont le plus de séve, tels que le mûrier, l’orme, le tronc du cotonnier, et diverses autres plantes inconnues en Europe. On commence par gratter légèrement la pellicule extérieure de l’écorce, qui est verdâtre ; ensuite on tire la peau intérieure en longues