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il ne les trouva pas comparables aux ouvrages modernes ; d’où il conclut qu’autrefois, comme à présent, il y avait de la porcelaine à tout prix. Les Chinois achètent fort cher les moindres pièces du siècle de Yao et de Chun, deux de leurs premiers empereurs, lorsqu’elles ont conservé leur beauté. Tout ce que la porcelaine gagne, à demeurer long-temps en terre, est d’y prendre une couleur d’ivoire ou de marbre, qui devient une preuve de sa vieillesse.

Suivant les annales de King-té-tching, certaines urnes coûtaient anciennement jusqu’à cinquante-huit ou cinquante-neuf lyans, qui reviennent à plus de quatre-vingts écus. Les mêmes annales ajoutent qu’on bâtissait exprès un fourneau pour chaque urne, et qu’on ne ménageait pas la dépense. Le mandarin de King-té-tching, ami de d’Entrecolles, fit présent aux protecteurs qu’il avait à la cour d’un kou-tong de plusieurs vieilles pièces de porcelaine qu’il avait eu l’art de faire lui-même, ou plutôt de contrefaire. Il y avait employé un grand nombre d’ouvriers. La matière de ces fausses antiquités est une terre jaunâtre qui se trouve près de King-té-tching : elles sont fort épaisses ; une seule pièce, dont le mandarin fit présent au père d’Entrecolles, pesait autant que dix pièces communes. On ne remarque rien de particulier dans cette espèce de porcelaine, à l’exception du vernis qui est composé d’huile de pierre, et qui, étant mêlé d’une grosse quantité d’huile commune, donne à la pièce une