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On en vante une autre espèce dont l’exécution est très-difficile, et qui est par conséquent d’une extrême rareté. Elle est excessivement mince, unie au dehors comme au dedans, et revêtue néanmoins de fleurs et d’autres ornemens qui paraissent gravés. Aussitôt qu’elle est sortie de dessus la roue, on l’applique sur un moule gravé, où l’intérieur de la pièce prend ainsi les figures, et l’on rend le dehors aussi mince qu’il est possible avec un ciseau.

Cependant les Chinois ne peuvent exécuter tous les ouvrages qu’on leur propose. On leur demande quelquefois pour l’Europe des sur-touts de table d’une seule pièce, et des cadres de tableaux ; mais les plus grands qu’ils ont pu faire n’ont jamais été de plus d’un pied : lorsqu’ils ont voulu leur donner plus d’étendue, ils ont eu le chagrin de les voir tomber en pièces. L’épaisseur nécessaire à ces ouvrages les rend extrêmement difficiles ; de sorte qu’au lieu de les composer solides, on fait deux dehors creux, qu’on tâche de joindre en laissant un vide dans l’intervalle : on met seulement au travers une pièce de la même matière, et l’on fait aux deux côtés des ouvertures pour les enchâsser dans des ouvrages de menuiserie.

L’histoire de King-té-tching parle de divers ouvrages ordonnés par les empereurs, et dont le succès n’a pas mieux répondu à l’espérance des ouvriers. Le père de l’empereur Khang-hi en demanda plusieurs de la forme de nos caisses d’orangers pour y nourrir du poisson : ils de-