Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce travail est fort pénible ; lorsqu’il est achevé, on met la matière en morceaux qu’on étend sur de larges ardoises, où on la roule et la pétrit en tous sens, observant soigneusement de n’y laisser aucun vide, et d’en enlever les moindres mélanges de matière étrangère. Un grain de sable, un cheveu gâterait la porcelaine : faute de bien façonner cette masse, elle serait sujette à se fêler, à se fendre, à couler, à se déjeter. Elle reçoit ensuite sa forme avec une roue, ou dans des moules, et le ciseau lui donne enfin sa perfection.

Toutes les pièces de porcelaine unie se font d’abord avec la roue ; une tasse à thé est fort imparfaite en sortant de dessus cette machine, à peu près comme la calotte d’un chapeau avant d’avoir été maniée sur la forme. L’ouvrier lui donne la largeur et la hauteur qu’il se propose, et n’a besoin que d’un instant pour cette opération ; aussi ne gagne-t-il que trois deniers, ou la valeur d’un liard pour chaque planche, qui doit être garnie de vingt-six pièces. Le pied de la tasse n’est alors qu’un morceau de pâte sans forme, qu’on creuse avec le ciseau lorsque la tasse est sèche et qu’elle a reçu tous ses ornemens. De la roue elle passe entre les mains d’un second ouvrier, qui l’assied sur la base ; ensuite dans celles du troisième, qui la met dans un moule fixé dans une autre sorte de tour pour lui donner sa véritable forme. Un quatrième ouvrier la polit avec le ciseau, surtout vers les bords : il les racle à plusieurs re-