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Gerbillon que la chasse d’ours qui fut tué par l’empereur. « On se rendit dans un bosquet voisin du camp, où l’on apprit qu’un ours était entré. Les piqueurs, à force de crier, de battre les arbres et de faire claquer leurs fouets, firent déloger la bête, qui fit plusieurs tours dans le bois avant d’en sortir ; enfin, après avoir rugi long-temps, elle prit sa course sur la montagne, suivie par les chasseurs à cheval, qui, galopant de tous côtés à quinze ou vingt pas de distance, la poussèrent fort adroitement jusqu’à un passage étroit entre deux petites montagnes. Comme cet animal est pesant, et qu’il ne peut soutenir une longue course, il s’arrêta sur le revers d’une des deux montagnes ; l’empereur, qui se trouvait sur le revers de l’autre, lui décocha une flèche qui lui fit une blessure profonde au flanc : ce coup lui fit pousser d’affreux rugissemens ; il tourna furieusement la tête vers la flèche, qui était restée dans la plaie ; et l’ayant arrachée, il la brisa en plusieurs pièces ; ensuite, faisant quelques pas de plus, il s’arrêta court. Alors l’empereur descendit de son cheval, s’arma d’un epieu, et, s’étant approché avec quatre de ses plus hardis chasseurs, il tua cette furieuse bête d’un seul coup. Une si belle action fut célébrée aussitôt par des cris d’applaudissement. L’ours était d’une grosseur extraordinaire ; il avait six pieds depuis la tête jusqu’à la queue, l’épaisseur du corps était proportionnée ; son poil était long, noir et luisant comme le