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demeurèrent sur le rocher, et qui tombèrent de l’autre côté. L’empereur tira aussi cinq ou six fois, jusqu’à ce qu’une de ses flèches passât le rocher. Ensuite il m’ordonna d’en mesurer la hauteur avec les instrumens qu’il avait apportés ; il prit un demi-cercle d’un demi-pied de rayon, qui n’était qu’à pinnules. Après avoir fait l’observation, il voulut que nous fissions à part le calcul de la hauteur ; nous la trouvâmes de quatre cent trente ché ou pieds chinois. L’opération fut recommencée, en faisant les stations dans un endroit plus éloigné. Nos calculs furent faits en particulier à la vue de tous les grands, qui ne se lassèrent point d’en admirer la conformité ; il n’y eut pas un chiffre de différence. Sa majesté, pour en convaincre tous les spectateurs, me fit lire mes deux calculs chiffre par chiffre, tandis qu’elle montrait les siens aux grands pour en faire connaître la justesse. Elle prit encore plaisir à mesurer géométriquement une distance. Ensuite, après l’avoir calculée, elle la fit mesurer par une mesure actuelle, qui se trouva justement conforme au calcul. Une flèche qu’elle fit peser dans une balance, après en avoir calculé le poids, ne fut pas moins conforme au calcul. Les seigneurs de la cour redoublèrent leurs applaudissemens, et me dirent mille choses flatteuses à l’avantage des sciences de l’Europe ; l’empereur en parla lui-même dans les termes les plus obligeans.

» La conversation étant tombée sur le tri-