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enfin les contrées qui s’étendent jusqu’à la mer d’Aral. Il voyagea ensuite dans le Turkestan, et arriva dans le pays des Mogols, où le khan tenait sa cour.

Quelques années après, Marco Polo, ou Marc-Pol, négociant vénitien et voyageur célèbre, que son commerce avait conduit dans l’Asie mineure, traversa l’Arménie, la Perse et le désert qui la sépare de la Tartarie, et pénétra jusqu’à la Chine. C’est lui qui, le premier, accrédita l’histoire du Vieux de la Montagne, répétée depuis par nos historiens. Il place ses états dans un pays qu’il appelle Mulebel, dans des montagnes voisines de la Perse : « Ce prince, nommé Aladin, entretenait, dit-il, dans une vallée, de beaux jardins et de jeunes filles d’une beauté charmante, à l’imitation du paradis de Mahomet. Son amusement était de faire transporter les jeunes hommes dans ce paradis, après les avoir endormis par quelque potion, et de leur faire goûter, à leur réveil, toutes sortes de plaisirs pendant quatre ou cinq jours. Ensuite, dans un autre accès de sommeil, il les renvoyait à leurs maîtres, qui, les entendant parler avec transport d’un lieu qu’ils prenaient effectivement pour le paradis, promettaient la jouissance continuelle de ce bonheur à ceux qui ne manqueraient pas de courage pour défendre leur prince. » Une si douce espérance les rendait capables de tout entreprendre ; et le Vieux de la Montagne se servit d’eux pour faire tuer plusieurs princes. Il