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les cendres répondirent par des pleurs et des cris redoublés. Le convoi était attendu à l’hôtel du mort par un grand nombre de personnes de qualité.

» L’unique superstition que je remarquai dans cette pompe funèbre, fut de brûler du papier à chaque porte par où passaient les cendres : on l’allumait lorsqu’elles approchaient de chaque cour de la maison. De grands pavillons de nattes formaient comme autant de grandes salles ; il y avait dans ces pavillons quantité de lanternes et de tables sur lesquelles on avait posé des fruits et des odeurs. On plaça le coffre qui renfermait les cendres sous un dais de satin noir, enrichi de crépines et de passemens d’or, et fermé par deux rideaux. Le fils aîné de l’empereur et l’un de ses petits-fils, que l’empereur avait institué fils adoptif de l’impératrice défunte, nièce de Kiou-kiou, parce que cette princesse n’avait pas laissé d’enfant mâle, se trouvèrent encore dans la maison du mort, et firent les mêmes cérémonies que nous leur avions vu faire dans la tente ; ils furent remerciés à genoux par les enfans et les neveux, qui se prosternèrent après avoir ôté leurs bonnets.

Quelques officiers, qui s’étaient mal conduits dans la campagne, furent condamnés, les uns à la perte de leurs emplois, les autres à recevoir cent coups de fouet. Le plus considérable de ces malheureux officiers avait été long-temps un des principaux gentilshommes