Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette province avait suscité une persécution contre les chrétiens du pays. Ce gouverneur, malgré le crédit du père Pereyra, qui l’avait supplié par écrit de relâcher plusieurs chrétiens qu’il tenait en prison, et de ne les pas traiter comme des sectateurs d’une fausse loi, puisque l’empereur avait déclaré par une ordonnance publique qu’on ne devait pas donner ce nom à la loi chrétienne, avait fait donner vingt coups de fouet au messager qui avait apporté sa lettre, et autant à celui qui l’avait introduit ; ensuite il avait fait reprendre et mettre en prison quelques fidèles qui avaient été relâchés pour de l’argent : il avait fait citer à son tribunal le père Valet, jésuite, pour le punir d’avoir prêché le christianisme dans l’étendue de sa juridiction ; on ajoutait que dans ses emportemens il avait protesté qu’il était résolu de pousser ce missionnaire à bout, dût-il perdre son mandarinat.

» Nous communiquâmes aussitôt cette fâcheuse nouvelle à Tchao-lao-yé, qui se chargea d’en avertir l’empereur, et de lui représenter que, s’il n’avait la bonté de nous accorder sa protection, et de faire quelque chose en faveur de notre religion, les missionnaires et les chrétiens seraient d’autant plus exposés à ces insultes, que, malgré la bienveillance dont sa majesté nous honorait, la défense d’embrasser le christianisme subsistait encore à la Chine.

Le 7, l’empereur nous reçut à sa maison de