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Tartarie et jusqu’à la Chine, non par la grande mer, dont la route n’était pas encore ouverte, mais en traversant par terre les contrées du nord qui avoisinent ce grand empire.

Un des premiers que ce chemin y conduisit, fut Rubruquis, cordelier flamand. Comme ses descriptions sont assez étendues et semées de détails intéressans, il fut long-temps avec Marc-Pol, le guide principal pour ces pays éloignés : l’objet de son voyage est remarquable. Dans le temps que saint Louis attendait dans l’île de Cypre le moment de s’embarquer pour la Syrie, quelques chrétiens d’Arménie, prêtres nestoriens, et quelques religieux missionnaires, qui étaient parvenus à la cour du khan des Tartares à la faveur des correspondances de commerce que la puissance de ce peuple conquérant ouvrait alors dans toutes les parties de l’Asie, firent écrire au roi de France que le khan voulait se convertir au christianisme, et qu’une ambassade de la part d’un prince tel que saint Louis achèverait de l’y déterminer. Ils firent même partir des envoyés d’un petit prince tartare qui habitait vers les frontières de la Perse, et qui assurèrent que leur maître s’était converti. Ces envoyés et les lettres des religieux persuadèrent saint Louis. Il se hâta de dépêcher vers le khan trois religieux jacobins, deux secrétaires, deux officiers de sa maison, et le cordelier Rubruquis. Saint Louis avait été fort mal informé. Le khan, nommé dans nos his-