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n’auraient pu nous satisfaire entièrement, et nous apprendre les finesses de la langue. L’un d’eux avait été mandarin de la douane à Ning-po dans le temps que nous y étions arrivés. Il fut étonné de nous voir dans un état si différent de celui où nous avions paru à son tribunal ; mais, comme il nous avait bien traités, il nous reconnut sans peine, et nous lui fîmes nos remercîmens pour ses anciennes faveurs.

» Le 9 février, premier jour de l’année chinoise, nous nous rendîmes au palais suivant l’usage. Les mandarins et les officiers des troupes s’y étaient assemblés dans la troisième cour, en entrant du côté du midi : nous fûmes présens aux trois génuflexions, accompagnées de neuf battemens de tête, qu’ils firent tous ensemble, le visage tourné vers l’intérieur du palais. Cette cérémonie se fit avec beaucoup d’ordre. Chaque mandarin se rangea d’abord suivant sa dignité. Ils étaient au nombre de plusieurs mille, tous revêtus de leurs habits de cérémonie, qui ont assez d’éclat pendant l’hiver, à cause des riches fourrures dont ils sont couverts et du brocart d’or et d’argent qui ne laisse pas de briller, quoique les fils ne soient que de la soie couverte d’une feuille de l’un ou de l’autre de ces deux métaux.

» Toute l’assemblée étant debout et rangée dans l’ordre convenable, un officier du tribunal des cérémonies cria d’une voix haute : À genoux ! Cet ordre fut exécuté au même instant. Ensuite l’officier cria trois fois : Frap-