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ou de philosophie d’une manière fort claire et fort nette, parce que la langue tartare a des conjugaisons, des déclinaisons et des particules pour lier le discours : avantage qui manque à la langue chinoise.

» L’empereur sentit la vérité de cette remarque ; et se tournant vers ceux qui l’environnaient : « Cela est vrai, leur dit-il, et ce défaut rend la langue chinoise beaucoup plus difficile que la tartare. » Comme nous étions sur le point de nous retirer, il donna ordre à Chaulau-ya, qui était présent, de se faire expliquer clairement ce que nous avions à lui dire, parce qu’il n’avait pas toujours bien entendu notre langage.

» Peu après, il nous envoya ordre de délibérer entre le père Bouvet et moi lequel serait le plus à propos, pour nous perfectionner dans la langue tartare, ou de venir chaque jour au tribunal de Poyamban, qui est celui des grands-maîtres d’hôtel du palais où toutes les affaires se traitent en tartare, ou de voyager dans les pays des Mantchous. Je répondis que nous n’avions pas à délibérer, puisque sa majesté était bien plus éclairée que nous, et qu’elle connaissait mieux le moyen d’apprendre plus facilement cette langue ; que d’ailleurs, comme nous ne l’apprenions que pour lui plaire, il nous était indifférent de quelle manière nous l’apprissions, pourvu que sa majesté fût satisfaite ; qu’ainsi je la suppliais de nous marquer ses intentions, auxquelles nous tâcherions de