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» Nous reçûmes ordre de nous avancer plus près de sa majesté pour lui expliquer l’usage d’un demi-cercle que M. le duc du Maine nous avait donné à notre départ de France. Sa majesté voulut savoir jusqu’à la manière de diviser les degrés en minutes par les cercles concentriques et les lignes transversales. Elle admira beaucoup la justesse de cet instrument ; elle marqua du désir de connaître les lettres et les nombres européens, dans la vue de s’en servir elle-même ; elle prit ses compas de proportion, dont elle se fit expliquer quelque chose ; elle mesura elle-même avec nous les distances des élévations. Cet entretien dura plus d’une heure, avec une familiarité que nous ne cessions pas d’admirer. Enfin nous fûmes renvoyés avec ordre de revenir le lendemain.

» Le 17, l’empereur nous fit appeler de fort bonne heure au palais. Nous y passâmes plus de deux heures à lui expliquer différentes pratiques de géométrie. Il se fit répéter l’usage de plusieurs instrumens que le père Verbiest avait fait faire autrefois pour lui. Je parlai toujours en tartare ; mais je ne voulus pas entreprendre de faire des explications de mathématiques en cette langue, et je m’excusai sur ce que je ne la savais pas assez pour m’en servir à propos, particulièrement en matière de sciences. Je dis à sa majesté que, lorsque nous la saurions parfaitement, le père Bouvet et moi nous pourrions lui donner des leçons de mathématiques